La sculpture ou la reconnexion à soi
Il fut une époque, l’idée de me mettre à la sculpture ne m’aurait jamais traversé l’esprit. Et pourtant, je vais vous raconter comment cette expérience m’a permis de me reconnecter à moi.
Génèse.
L’envie de sculpter m’a pris du jour au lendemain, un soir de 2017. Lors d’un repas, mon amie Victoria me montrait les sculptures qu’elle avait exposé quelques jours plus tôt. En les observant et en les touchant, je me disais que ça avait l’air chouette et que moi aussi, j’aimerais bien faire ça. Ca tombait bien car le lendemain, elle avait une séance et me proposait de me faire découvrir l’activité en même temps. Pourquoi remettre cet élan à plus tard ? Allons-y !
Le jour de l’initiation, j’arrive donc à l’atelier, sorte de grand hangar qui abritait jadis une caserne de pompiers. Là, j’y retrouvais deux autres amies de Belfort, Federica et Eleonora, et fis la connaissance d’une dizaine d’autres habitués de la pratique.
Après les présentations de courtoise, je commençai un premier travail que je choisis en feuilletant un classeur de modèles. Je n’étais pas forcément très inspiré, mais je trouvais que le hérisson présenté était mignon. Le modèle était un simple croquis, mais il me permettait d’imaginer le hérisson que je voulais ériger. Il fallait ensuite choisir la base sur laquelle je voulais travailler. Je choisis la terre, tout simplement.
Après avoir récupéré quelques outils, je pouvais commencer le pétrissage de la terre puis le modelage. Ce travail n’était ni plus ni moins que celui que vous faisiez lorsque vous étiez enfant et que vous malaxiez la pâte à modeler. La seule différence avec l’enfance, c’est que là, j’étais conscient de ce que je faisais. Peut-être qu’entre temps, j’avais perdu mon âme d’enfant et que je la retrouvais exactement à ce moment précis. En tout cas, malaxer la terre et me concentrer pour former le corps du hérisson était une véritable bouffée d’oxygène pour moi.
Contexte.
Il faut se rappeler que nous étions un soir de Novembre 2017 (le Mardi 21 précisément). A cette époque, j’étais un fou (inconscient ?) du travail et je terminais souvent à 19h ou 20h. De plus, je passais mes journées à gérer des plannings, faire des calculs, animer des réunions avec des fournisseurs ou des collègues de l’autre bout du monde. La vie de bureau était prenante, passionnante, mais je passais le clair de mon temps à parler, réfléchir à des solutions qui prenaient en compte des dizaines d’interlocuteurs, répondre à des urgences, rédiger des e-mails et faire du multitasking. Et à part pour le déjeuner, mon cerveau semblait en permanente ébullition.
Révélation.
Et d’un coup, je me tenais dans un cadre totalement inédit, sans affairement ni technologies, devant une paillasse en bois. La sensation était incroyable. Je me retrouvais tout seul en face de mon morceau de terre, tentant de former tant bien que mal la tête de mon hérisson.
D’un coup, il n’y avait plus d’urgences, plus d’interlocuteurs qui me sollicitaient, plus d’e-mails, j’étais enfin seul dans ma bulle avec mon petit monticule de terre, livré à moi-même. Et ça me faisait du bien ! Je crois qu’il y avait du bruit autour de moi, mais je n’entendais plus rien. Je redécouvrais les sensations du contact avec la terre froide et sa texture. Mon esprit était apaisé et mes mains reprenaient vie. Je laissais libre cours à ma créativité, je ne pensais plus à rien d’autre qu’à cette terre et à comment j’allais reproduire les pics du hérisson.
Réalisation.
Ces quelques mois d’initiation à la sculpture m’ont permis de me reconnecter à des choses essentielles. C’est ainsi que j’ai pu me retrouver moi-même, appliqué à une tâche unique, me permettant de me créer ma bulle avec mon morceau de terre auquel j’essayais de donner vie. Quel bonheur c’était que de pétrir et laisser cours à l’imagination, je me sentais ancré dans quelque chose de naturel et de vrai. Une petite bulle d’oxygène qui me permettait une totale reconnexion, après une longue journée de travail où les choses fusaient sans jamais s’arrêter.
Faire de la sculpture, c’était redécouvrir l’émerveillement et le goût de la simplicité. Le goût d’être ancré dans le moment présent. Le goût de pouvoir prendre conscience que ralentir est une possibilité, un droit, presqu’un devoir dans un monde qui se veut toujours plus rapide et oppressant avec ses pics de stress et agressions externes. C’est enfin le goût de se concentrer et d’avoir l’esprit focalisé sur une matière noble, directement issue de la nature – la terre – permettant la reconnexion à soi.
A gauche, le penseur sous forme de bourrelets. A droite, le penseur avec le visage modelé (avant qu’il ne perde sa face).
Ci-dessous, ma famille de sculptures (sauf le moine qui est l’œuvre de Federica).
Pour plus d’exemples, vous pouvez consulter l’album de l’exposition à Valdoie en 2018, avec la contribution de tous les membres de l’association Val d’Oye : https://flic.kr/s/aHsmwq3mDb
Je remercie les membres de l’association pour tous les enseignements et conseils que j’ai pu recevoir tout au long de cette grande initiation. Des petites techniques ou ajustements, qui m’ont guidé lors de mon travail, et qui ont sans doute contribué au sentiment d’émerveillement que j’ai eu tout au long de mon parcours.